La sonnette d’alarme concernant les étables expérimentales retentit avec succès
A 8 heures précises, les constructeurs d’étables, les distributeurs de machines de traite, les politiciens concernés et les journalistes se sont retrouvés chez Cobefa pour assister au wake-up call de Fedagrim. Malgré l’heure matinale, les intéressés étaient nombreux et tout ouïe.
Johan Colpaert, président de Fedagrim, a tenu une brève introduction avant de céder la parole à Hans Verstreken, coordinateur des activités de la fédération. Le premier point était consacré au dossier économique, cette année un cahier axé sur la distribution au secteur de l’élevage. Les résultats ont rappelé à la dure réalité. La problématique de l’azote démontre que malgré les prix laitiers intéressants du marché en 2022 ou les prix actuels favorables du porc, la disponibilité à investir était trop faible. Le parc des machines et l’infrastructure vieillissent à vivre allure en raison du frein aux investissements. Le frein à l’investissement pousse actuellement les prix vers le haut à cause d’une inflation alimentaire trop élevée. Un rapport de cause à effet auquel on n’accorde pas suffisamment d’attention.
Sur le terrain, il semble que le ratio de renouvellement des installations laitières est tellement bas qu’au rythme actuel il faudrait 47 ans pour renouveler toutes les installations. Un délai forcément irréaliste qui montre que l’agriculteur adopte une attitude expectative. Depuis deux ans, nous constatons de nouveau une réduction d’échelle. Les nouvelles installations sont en moyenne plus petites et le rapport entre les petits tanks de refroidissement et les grands évolue en faveur des petits tanks. Les frais de construction d’un nouveau projet d’étable ont également beaucoup augmenté. Les amortissements ont crû de 75% par rapport à 2019. Il y a tout juste moyen de compenser cette hausse par le prix du lait à condition de ne pas tenir compte de la hausse de tous les autres coûts de l’agriculteur. Par conséquent, les nouveaux projets se font rares.
Lors de l’exposé, il a également été référé à l’histoire de l’île de Schiermonnikoog, qui a réduit le bétail laitier de 38%. Or plusieurs années plus tard, il semble que cela n’ait pas impacté significativement le taux d’azote. Les modèles montrent que la réduction du cheptel laitier a bien produit un effet mais que d’autres facteurs d’émission étrangers à l’agriculture ont généré un résultat de statu quo. Ainsi le problème de l’azote semble être un problème de société dont les causes ne résident pas uniquement dans l’agriculture.
Sur l’île de Schiermonnikoog, la baisse du nombre de têtes de bétail a été compensée par le circuit court pour assurer la rentabilité de l’exploitation. Lorsque nous extrapolons l’exemple à l’ensemble du secteur, une coupe sombre dans la production ne fera que renforcer la problématique de la hausse du prix de l’alimentation.
Fedagrim réclame que le régime des étables expérimentales soit dissocié du décret azote pour aboutir rapidement à des innovations, et, par conséquent, à la réduction d’ammoniaque sur le terrain.
La proposition de décret azote tel que déposé au parlement a également fait l’objet d’un exposé. Il est rapidement apparu qu’un nombre important d’imprécisions font que le décret va bien au-delà de l’accord politique de mars 2023. Le problème d’un seuil fixe dans le secteur n’a pas été abordé et le renforcement des mesures à la source pour le secteur des bovins a déjà été dénoncé. Il est aussi apparu clairement que l’objectif de la réduction du cheptel porcin s’est transformé en un objectif dur. Dans le cadre de cette proposition, la problématique des zones de recherche de nouvelles zones Extra Natura 2000, conservée dans la proposition, désavantage sérieusement les plus gros pollueurs.
Pour le secteur, cette proposition reste trop vague sur le point du régime des étables expérimentales ou régime de la ‘technique d’essai’ comme stipulé dans le décret. La seule certitude, à savoir une date butoir claire et sévère de cinq ans pour une technique d’essai, est irréaliste. En tant que secteur des constructeurs d’étables et d’accessoires pour étables, il est évident que son développement doit devenir la priorité absolue. Le caractère innovant est invalidé par un cadre clair. En conséquence, nous avons réclamé que cette problématique soit dissociée du décret azote et qu’un décret propre soit élaboré pour concrétiser le régime des étables expérimentales le plus rapidement possible. Dans ce contexte, nous réclamons aussi des rénovations pour que les techniques AEA soient mises en pratique rapidement.
Témoignages des membres de Fedagrim
Enfin les témoignages de certains membres de Fedagrim ont été présentés. Gea a brièvement exposé sa solution consistant en le Manure Enricher. L’enrichissement de l’engrais neutralise les émissions et résulte en un produit de fertilisation de haute qualité. Pour l’instant, le dossier Renure et l’engrais synthétique bon marché produit sur la base de carburants fossiles forment toujours les principaux écueils. Lieven Delbaere, de Lely a témoigné de manière poignante des difficultés rencontrées pour faire valider les systèmes d’enregistrement des robots de fertilisation et Lely Sphere. Le premier dossier traîne depuis 2019. Le deuxième a été réintroduit auprès d’AT et de WeComV et Lieven Delbaere espère qu’il bénéficiera d’un traitement plus efficace. En guise de conclusion, Jeroen De Cock, de Cobefa a pris la parole. A titre d’hôte, il a conclu ce wake-up call par son témoignage sur l’introduction du dossier d’un sol en caillebotis à faible émission. Actuellement les plans des dimensions établis conformément aux procédures de 2021 n’ont pas été acceptés pour mesurer les émissions. Les dernières connaissances scientifiques démontrent à chaque fois combien il est difficile de mesurer correctement une étable, ce qui empêche de démontrer le fonctionnement des nouvelles techniques. Ce qui oblige les petites PME belges actives dans le secteur à se tourner vers d’autres produits. Avec pour résultat final que la branche de la construction d’étables est frappée par une fuite des cerveaux et une perte d’expertise.
Vous trouverez ci-après l’analyse économique ainsi que la présentation utilisée au cours de l’exposé.
Élément joint | Taille |
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Presentatie | 1.54 Mo |
Dossier économique | 660.04 Ko |